La conversation privée

Dites, mesdames, messieurs qui tenez boutique... J'aimerais bien savoir si le pull existe en L en gris. Ah, je vous dérange, hein ? Ben oui c'est sûr, votre weekend avait l'air super. Mais personnellement je m'en fiche un peu. Bon, d'accord, je suis polie, je ne veux pas vous interrompre, alors je patiente, tout près de vous, le pull gris en M à la main. J'ai la désagréable impression d'être transparente. Ah ben dites donc, votre pote tenait une sacrée cuite, hein ? Ha ha, oui c'est drôle, il rampait par terre. Moi, je commence à taper du pied par terre. Non je ne fais pas de claquettes mais dites, ça fait 5 minutes que vous m'ignorez alors du coup je vais forcément m'énerver un peu, hein, vu que ma pause déjeuner n'est pas extensible à l'envi (oui envi sans e ça existe) et que si vous avez le pull en L je vais probablement l'acheter et donc... contribuer à votre salaire. Bon, je tente : "excusez-moi de vous déranger, ce pull existe-t-il dans d'autres tailles" ? Presque étonné(e)s, vous levez un regard courroucé sur moi. Qui donc ose ainsi vous déranger ? On sent l'agacement dans votre voix : "ben non vous voyez bien qu'il n'y en a pas, tout est en rayon". Ah... le sens du commerce, le sens du service... J'adore. Et je ne reviendrai jamais chez vous, et j'en parlerai à toutes mes cops. Et toc.